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La Nationale n°22

La Nationale N°22

Route de Fosses 1

 

 

LA CONSTRUCTION

 - IMA009 -  IMA010 - DOC015 -  DOC031

Il y a plus d’un siècle et demi, ce fut pour nos grands-parents un événement sensationnel et spectaculaire que d’assister à la construction de la grand-route de Châtelet à Fosses.

Certes, notre village avait bien ses vieux chemins et ses sentiers, mais une nouvelle voie de communication allait complètement modifier l’itinéraire de l’ancien chemin de Chastelet à Namur dans la traversée du village.

Cette route allait aussi changer la physionomie de tout cet endroit qui jusqu'alors était resté vierge d'habitations.

La construction d’une route empierrée macadam de Châtelet à la limite de la province de Hainaut vers Fosses formera le complément de la communication de Namur à Châtelet, autori­sée par l’ Arrêté Royal en date du 23 septembre 1838.

La longueur totale de la route à construire était de 5 783 mètres, en partie sur le territoire de Châtelet et sur celui de Presles.

Avant d’aller plus loin, informons nos lecteurs que nos Ancêtres n’avaient pas à leur disposi­tion des moyens rapides pour se déplacer.

Le voyageur du temps passé devait faire son déplacement à pied, à cheval, ou, s’il était quelque peu fortuné, il pouvait se payer le luxe d’une voiture, d’une carriole ou d’un cabriolet tiré par un âne ou un cheval, ou par plusieurs chevaux s’il était noble et riche.

D’autre part, il faut savoir aussi que le transport de toutes les denrées de quelque nature qu’elles soient se faisait en empruntant des voies de communication appelées grand chemin ou voye, dénominations en usage au XVIII e siècle 2, admises par les autorités commu­nales, qui sont restées et dont nous en avons encore souvenance.

Notamment, le grand chemin de Chastelet à Dinant lequel, dans sa traversée du hameau des Binches, est appelé actuellement rue Grande.

De même, le grand chemin de Pont-de-Loup à Walcourt qui, de nos jours, est appelé rue de Villers et, à l’occupation romaine, était un diverticulum reliant les villas d’ Aiseau et de Gerpinnes.

Cliché : DOC110

Ainsi, le grand chemin de Chastelet à Namur qui passait par la Basse-Campagne de Châtelet, traversait le chef-lieu de Presles et montait vers la cense de la Cahoterie et de là, à travers campagne et bois gagnait le village de Le Roux pour continuer jusqu’à Namur. Or, nous l’avons dit, la construction d’une nouvelle voie de communication, dans son tracé, modifierait la physionomie de notre village.

Au départ, l’ État n’était pas pressé de donner le feu vert au projet de construction (A.R. du 23 septembre 1838) pour l’adjudication des travaux.

Enfin, en 1843, les travaux de la construction de la route furent adjugés pour la somme de 107 930 francs, mais la dépense totale atteignit la somme de 156 413 francs, dépense énorme pour l’époque mais somme modique en comparaison de celle qu’il faudrait engager de nos jours pour un tel projet.

Dans sa traversée de Presles, la route avait une longueur de 2 750 mètres.

Décrétée d’abord route provinciale, elle fut cédée à l’ État sous la condition que la Pro­vince jouirait pendant 90 ans du produit des barrières.

Ce droit de barrières appelé aussi octroi fut établi à Presles au débouché du chemin de la cense de Golias.

Le petit bâtiment faisant office de bureau fut démoli assez tôt 3 (le Gouvernement sup­prima l’octroi par l’ Arrêté Royal du 3 septembre 1867).

Très tôt, on vit s’édifier, le long de ce chemin, plusieurs maisons. Une des premières fut certainement celle de Pierre Mousset, maçon, demeurant au chemin des Vieux-Sarts, qui reçut l’autorisation de bâtir 4 «une maison avec grange et écurie», le long de la route projetée, le 2 octobre 1839.

Mousset ouvrit une auberge où on logeait à pied, à cheval, avec ou sans voiture. Cette maison passa par succession dans la famille Pouleur, ce qui lui valu d’être dénommée li maujô Pouleûr.

 

Il nous sera agréable de situer à deux cents pas plus bas la maison avec atelier de tail­landerie de Fidèle Tilmant dit Maurico.

Li maujô Pouleûr qui fait le coin de la rue de l’S et de la rue des Haies, presque vis-à-vis du château d’eau (1905-1910), fut habitée par Victor Thibaut qui, de sa profession, était tailleur d’habits et vendait à boire. Marié à Marie-Louise Duculot, il eut un fils Tchanchès Thibaut, céliba­taire, que l’on retrouva un jour, vers 1930, assassiné dans la baraque en bois où il avait établi son logement, sur une parcelle de terre héritée de ses parents.

Cliché DOC015

Au lieu-dit La Drève, passa, jusqu’en 1935, le tram à vapeur reliant Châtelet à Fosses, par devant les maisons dou Cuvlî Wauthier, Bouxin et Jacquemain.

Cliché IMA009

Que de choses se sont produites en ces dernières décennies !

Le tram à vapeur n’est plus que souvenir du passé. L’autobus Namur - Châtelineau qui l’a remplacé a été détourné, comme nous le verrons plus loin.

En bordure de la route, sur le pachî dou Cuvlî et la terre de Tèrése Fouyen (Gilles) furent implantées de nouvelles maisons, ainsi que sur la prairie des Waibes, entre la rue des Haies et li maujô Maurico, citée plus haut.

De la limite de Châtelet, la route va en cul-de-sac jusqu’au tournant dangereux ; elle a même perdu son nom de rue de Fosses et est dénommée à présent rue de l’ S, en raison de sa configuration, son tracé représentant, en cet endroit, la lettre S, comme il y a l’ M de Bomerée.

Au cours des années 1948 à 1950, de grands travaux furent entrepris par l’ État, pour améliorer la Nationale n° 22.

Le Tournant dangereux fut élargi, dégagé des terres qui obstruaient la vue de part et d’autre et un parterre fleuri enjoliva l’endroit.

Actuellement, la circulation est détournée et ledit Tournant n’a plus sa raison d’être. Une trouée n’a même pas été aménagée pour qu’un promeneur puisse y passer.

De ce fait, le quartier a retrouvé sa tranquillité et la rue de l’ S donne maintenant accès à la rue Al Croix et à la rue des Haies, qui anciennement étaient dénommées populairement lès Rouwales.

De nos jours, nous retrouverons la Nationale n° 22, sous l’appellation de rue de Fosses, dans la traversée de notre village jusqu’à la limite de Sart-Eustache, mais combien d’autres choses ont été rayées pour la réalisation de son tracé.

C’est ainsi qu’au cours de 1972, de grands travaux d’amélioration furent encore entrepris par les Ponts et Chaussées.

La Nationale n° 22 a été détournée et élargie en raison de la prolifération des moyens de transport de plus en plus lourds et de plus en plus nombreux.

De la limite de Châtelet avec Presles, la chaussée a été détournée pour éviter le Tour­nant dangereux.

La grand-route depuis la rue de Villers traverse de part en part lès pachîs du Cuvlî jusqu’à la rue Al Croix. La prairie est devenue du terrain à bâtir et de nou­velles maisons de style moderne s’y sont déjà implantées, en bordure sur le côté droit, jusqu’ auprès de l’établissement Les Étains de Presles (lotissement altitude 180).

Il y a lieu de supposer que d’autres maisons s’érigeront sur le côté gauche, augmentant ainsi la surface bâtie.

Depuis peu, un nouveau lotissement a vu le jour et la rue des Glaisières relie la rue de l'S à la rue Al Croix.

Dans son nouveau tracé, la Nationale n° 22 devait traverser la rue Al Croix. Un pont a dû être construit pour laisser la libre circulation dans ladite rue, soit-elle tractée ou piétonnière.

Du pont, la chaussée, par une longue courbe large, rejoint son tracé primitif.

Nous y trouverons sur le côté gauche les anciennes maisons que nous avons connues lors de notre enfance. D’abord, li cinse dèl Waibe qui a été tenue par nos cousins Joseph Gravy - Deventer ; ensuite Émile Gravy - Charlier, mais qui a été transformée et où s’est ins­tallé un démolisseur d’autos ayant son chantier dans ce cul-de-sac.

En suivant, la maison d’ Antoine Legrand, garagiste, on trouve celle de Victor Sauvelon qui tenait une petite épicerie, celle de Eugène Lambot, par après son fils Charles . Suivaient aussi les maisons occupées par le taillandier Fidèle Baudelet, reprises après la fermeture de la tail­lan­derie par Gustave Baudelet, secrétaire communal et clerc chantre, et, par Marguerite Baudelet avec son mari Alberic Marty, combattant français de 1914-18, qui installèrent un dépôt de bières et sodas adjoint à un cabaret qui dura jusqu'en 1950.

À l’heure présente, toutes ces maisons sont habitées, mais il ne s’y fait plus aucun com­merce.

Au point où nous sommes arrivés, la rue de Fosses donne accès, à droite, à la rue du Calvaire (anc. rue de Villers ou li tch’min d’Bintche).

À gauche, le chemin descend jusque sur la Place Communale et est dénommé rue des Wespes 5 .

Les travaux entrepris pour dégager le Tournant de la Falige furent néfastes aux maisons qui bordaient ce tronçon de la Nationale n° 22.

Pour faire l’alignement, presque toutes les maisons qui meublaient l’endroit furent rasées. Il ne reste plus rien du côté droit.

Cliché IMM035

 

Il y a cent cinquante ans, il n’y avait pas de route et une carrière dite de la Falige était exploitée en 1850. Le maître de la carrière était François Wauthier - Bourlet dit dou Binauche qui demeurait dans une maison (la première) à gauche de la rue du Coumagne.

La carrière comportait un chantier de travail pour la taille de la pierre et un four à chaux autorisé et construit en 1856 à la rue des Wespes.

L’exploitation se faisait au moyen d’explosifs. Pour éviter les accidents, la mise à feu était annoncée aux usagers de la route en sonnant du cornet : un homme arrêtait la circulation au tournant de la Falige tandis qu’un autre homme empêchait le passage au bas de la rue du Calvaire (actuelle).

Aux années avant 1914, beaucoup de pierres (cailloux calibrés) furent employés à la construction de la ligne de tram Châtelet - Fosses. Un bâtiment annexe servait d’atelier au maréchal qui s’occupait de la réparation des outils et du ferrage des chevaux. Après la cessation de l’entreprise, ce bâtiment fut transformé en maison habitable qui fut occupée par de nombreux petits ménages ouvriers. Entre autres, nous citerons le facteur des postes Joseph Delfosse, son épouse Marie Genot et le frère de celle-ci, li chalè Genot ; le garde-champêtre Robert Beauval y habita jusqu'en 1947 ; Émile Grenier, secrétaire communal, l’habita vers 1950 ; Richard Lepage et sa famille durent quitter cette habitation qui devait être démolie avec les trois autres.

Cliché : DOC031

Le complexe d’à côté comportait à son origine une seule demeure qui s’augmenta au cours des ans d’une petite maison qu’on dénomma lès maujos Silvère pour la raison que Sylvain Robert et Victorine Pouleur, mariés en 1874, y habitèrent et eurent de leur mariage trois filles : Valentine, née en 1875 ; Sylvie, née en 1877 ; Léona, née en 1880.

Ce ménage y installera un cabaret dont la dernière cabaretière fut Léona Robert (+/- 1940). Léona, mariée et séparée de Collin de Vitrival, eut un fils nommé Robert.

Après elle, les deux maisons seront occupées par des ménages qui n’y résideront que passagèrement, entre autres, le cabinier Joseph Dumont et sa famille.

Dans la petite maison, habitèrent Sylvie Robert et son mari Joseph Marlier jusqu’au moment où ils firent construire à la rue des Haies (maison act. de Mr Cugguda).

Sur l’emplacement du chantier de la carrière, une seconde voie permettait de garer des wagons de marchandises. L’arrêt était dénommé le Garage et, au cabaret Robert, pouvaient être déposés ou retirés, par les habitants de Presles, des petits colis.

Cliché: DIV006

La maison suivante était dénommée li maujô Lègrand en raison de Félix Legrand (un rebou­teux) et Julie Mathieu, mariés en 1875, qui y demeuraient. Cette maison fut occupée entre autres par la famille Sybers, pour finalement être achetée en 1949 par la famille Coignet.

Des quatre maisons, il ne reste plus rien, ni du piton rocheux de la Falige qui s’avançait en promontoire, en bordure de la route. Sur ce qui subsiste, la nature a repris ses droits mais n’offre plus l’aspect qu’elle présentait au temps passé. Une bonne partie de la Falige qui avançait en bordure de la route a s’tî scrèpèye di sès rotches.

Cliché DOC032

Le seul immeuble resté debout dans cette partie (qui se situe en bordure à gauche de la route) est connu depuis toujours sous la dénomination li maujô Mollet en raison que des repré­sentants de la famille Mollet l’occupèrent.

Cliché : IMM020

Cliché : IMA038

D’un nommé Jean Mollet, marié en 1852 à Rosalie Blampain, sont issus plusieurs enfants, dont une fille qui fut surnommée Térèse dèl cârière qui épousa Joachim Dock. Par la suite, Félix Éloy et son épouse Mathilde Mollet occupèrent la maison. Ils auront deux fils : Joseph, qui deviendra percepteur des postes à Acoz, décédé, et Émile qui se destina aux ordres religieux et accèdera au grade de préfet d’études au Collège Épiscopal Saint Pie X à Châtelineau, et desservira l’église et la paroisse de Charleroi Nord (décédé en2011).

Au débouché de la rue Mgr Cerfaux, une petite maison était tenue en propriété par le comte d’ Oultremont. Elle semble avoir été habitée par un ouvrier de la papeterie, et était dénom­mée li maujô dou Chasseûr, Joseph Delcorte, contremaître à la papeterie de la place commu­nale. Plus tard cette petite maison sera démolie après la guerre de 1914-1918 par Ghislain Jh. Chapelle, maçon élagueur.

Il est à noter également que deux petites maisons situées plus ou moins en face de chez Baudelet furent démolies lors de l'aménagement du tracé de la voie du tram (maisons de Pierre et Paul Gravy).

 TAB002  

LE SAPIN VERT

 

Grâce à son retrait de l’axe de la route, c’est le seul immeuble qui soit resté debout après les grands travaux d’amélioration de la voirie.

Cette dénomination est due au site qui était planté de sapins (épicéas).

Elle s’est appliquée à un cabaret qui avait été établi en remaniant les bâtiments (han­gars) qui, jadis, étaient des dépendances de la papeterie et servaient à l’entrepôt des pailles des­tinées à la fabrication des cartons.

L'établissement (papeterie) ne fonctionnant plus après la première guerre mondiale, ces dépendances furent converties par un nommé Wilmot, en maisons habitables, cabaret et salle de spectacles pouvant recevoir trois à quatre cents personnes.

Ce sera dans cette salle que le Cercle Dramatique Les Nerviens organisera ses soirées suivies d'un bal, dès l'année 1924.

Dans ce local, se tenaient des réunions, des conférences, des manifestations scolaires, etc., la commune n'ayant pas de salon communal. On tenta même de faire du cinéma animé par un nommé Aimé Vifhaus, habitant Charleroi.

Plus tard, dans les sous-sols de ces dépendances, un abattoir fut installé après la Seconde Guerre mondiale. Les maisons étaient habitées par Olivier Gravy, charcutier, marié à Gilberte Grenier. Son frère, Raymond Gravy, charcutier, marié à Germaine Bonsman, s'y était établi en installant une fabrique de salaisons qui prospéra sous sa direction mais, Raymond, né en 1909, y décèdera âgé de cinquante ans à peine.

Les bâtiments devenus la propriété d' Olivier Gravy, comportaient à un certain moment, outre les maisons, la salle de spectacle, l'abattoir, un café et une station de carburants. Il y a cinquante ans le feu ravagea la salle des fêtes. L'incendie était dû, croit-on, à la surchauffe d'un séchoir des salaisons.

Après les réparations, l'abattoir fermé, les bâtiments annexés aux maisons furent conver­tis pour répondre aux usages d'un garage et d'une distribution de carburants sous la dénomina­tion Garage du Sapin Vert.

Le garage vivotera, le café adjoint fermera ses portes, et les bâtiments changèrent de propriétaires.

 

 DU SAPIN VERT AUX LONGS PRÈS

 

Les maisons suivantes ont été toutes démolies lors des grands travaux.

La maison, où, li pitit Djan Jean Denayer, maçon, habita d'abord avant de s'installer quelque cinq cents pas plus loin. Dans cette habitation, une famille Maurico Tilmant y vivra des années. Ce sera Guillaume Maurico Tilmant, né en 1882, à Pironchamps et son épouse Marie dou Tchanetî Jacquy, née en 1876, et leurs enfants.

De sa profession, il était briquetier et son chantier de briques, dites de campagne se situait de l'autre côté de la route, au lieu-dit à l' Vaucelle, mais populairement, on disait à l' brique­triye.

Les maisons suivantes appelées les maujos Culot furent habitées par les représentants de la famille Duculot, dont l'ancêtre nommé Jean, tenait un débit de boissons avant 1860.

En venant de Presles, habita le cordonnier cabaretier François Duculot, dont l’épouse, Catherine Haut, née en 1860 à Ham-sur-Sambre, était accoucheuse. Leur fille Ermeline, née en 1897, épousera Georges Gonze, ils occuperont la maison.

L'immeuble contigu sera habité par Juliette Duculot, née en 1872, et son mari le canton­nier Pierre Burton, qui en firent un cabaret.

Cliché : IMM037

Ils eurent une fille nommée Hélène et un fils li gros Burton prénommé Félicien, né en 1904, qui épousera Madeleine Mathy, native de Molenbeek.

Ils s'installeront à Châtelet et ouvriront un magasin de chaussures, à la rue de la Station.

En retrait de la route, sur le Mont est assise la cense de Golias, cense seigneuriale bâtie au cours du xvie siècle et devenue cense comtale (d' Oultremont) dans le cours du xixe siècle.

Sur le côté gauche de la route, vis-à-vis du chemin qui conduit à Golias, se trouvait le bureau de l'octroi dont nous en avons parlé.

C'est vers 1950 que Georges Glise, marié à Germaine Bohon, fit construire sur une prai­rie, un complexe comprenant une maison avec des bâtiments ruraux. Cet immeuble se situe loin en retrait de la rue de Fosses et présente un accès par le Chemin Terre à l' Ognia, ancien chemin de Presles à Sart-Eustache avant la construction de la Nationale n° 22.

Georges Glise, employé avant 1940, secrétaire communal pendant la guerre de 1940, habitait avec son épouse la maison paternelle située rue Haute. Lorsqu'il démissionna, le ménage s'installera dans le complexe nouveau pour s'occuper d'agriculture et d'élevage. Georges Glise, étant décédé après 1982, son fils François continuera le métier.

DIV005 - Lettre de nomination de Georges GLISE

Depuis la Falige jusqu'à la limite de Presles avec Sart-Eustache, le siège du tram à vapeur a été incorporé à la chaussée, rendant de ce fait sa largeur beaucoup plus grande en cet endroit.

 

LES LONGS PRÉS

 Cliché IMA030

Bâtie assez en retrait sur le côté gauche de la route, cette propriété appartenait à Ruffin Piérard, marchand de bois à Gilly qui, en 1930, fit construire ce château ferme.

Cette demeure devait servir de résidence au propriétaire avec l'avantage d'avoir en annexe des bâtiments et des prairies pour élever des bestiaux, le pré étant planté d'arbres frui­tiers.

Un ménage concierge s'occupait des divers travaux d'entretien.

La première destination de tout ce complexe ne fut plus comprise à la disparition du fonda­teur.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'immeuble fut réquisitionné par les occupants et les libérateurs.

Cette résidence passera en diverses mains et vers 1950 était ouvert un café – hôtel - restau­rant, à l'enseigne Les Longs Prés bien placé sur la Nationale n° 22, dans un site reposant et champêtre.

Dans cet établissement, outre les services ordinaires de l'hôtellerie, se déroulèrent de multiples divertissements, tels que réunions, soirées dansantes, bals, défilés de mode et d'élégance, etc.

Des orchestres réputés animèrent certaines soirées, pour une clientèle un peu spéciale (sic), ce qui n'était pas donné à tout le monde de pouvoir y participer.

Le complexe suivant était formé par deux maisons que jadis habitèrent les frères Maillet.

Pendant la guerre de 1914-1918, y habita un nommé Herman Maigret qui vint par après sur la Place communale, dans la maison d'Antoine Legrand.

Il était fort copain (sic) avec les Allemands, toutefois lorsque ceux-ci allaient faire des perquisi­tions (pour chercher des cuivres, laiton, grains et pommes de terre), il prévenait les habitants pour les mettre en garde.

Par après cette maison sera habitée par li pitit Djan Jean Denayer, maçon élagueur, et son épouse Marie Duhoux, natifs de Tourneppe et Nivelles en Brabant.

De nos jours cette maison est habitée par un des descendants de la famille Maillet, nommé Delisse, ouvrier communal.

 

 LE TOURNANT CERFAUX

  

À quelques pas de là, sur le côté gauche, un monument de pierre rappelait aux passants un accident survenu à une voiture tirée par des chevaux, conduite par le comte Eugène d' Oultremont et au cours duquel son épouse la comtesse Marie-Henriette d' Oultremont fut griè­vement blessée. Le monument n'existe plus, le comte Eugène d'Oultremont ayant repris les pierres du monument ; elles sont entreposées dans le parc.

À cet endroit, la route faisait une courbe assez prononcée et li maujo Cerfaux rendait le tournant dangereux par manque de visibilité.

Conséquence des travaux d'amélioration, ladite maison fut rasée. Ce complexe avait été bâti par Pierre Marchand, cabaretier, garde-barrière (octroi).

De son mariage avec Marie-Thérèse Blampain, était née en 1862, une fille, Augustine, qui épousa Jean-Baptiste Cerfaux, cabaretier cordonnier. Cette maison était la demeure natale de Mgr. Lucien Cerfaux, prélat domestique de S.S. le pape. Tout ce complexe a été démoli en 1973.

Cliché : IMM019

Au lieu-dit à l' boulwère vers la limite avec Sart-Eustache, au-delà du pont de la Biesme, une maison en retrait était édifiée en bordure du bois de Chaumont, elle appartenait au comte Charles d'Oultremont. Cette habitation était destinée à loger un garde forestier qui assurait la surveillance des bois de Chaumont et Maître Piron.

 

À LA LIMITE DE PRESLES

 

 Cette maison sera transformée, augmentée de bâtiments, où l’on travaille le marbre.

Il faut noter que la maison Mouton date du début de l'indépendance nationale ; elle relève de Presles parce que, initialement, le ruisseau Grand Rî passait devant la maison.

Il est bon aussi de savoir qu'en cet endroit, la limite entre Presles et Sart-Eustache est formée par le Grand Rî et que celui-ci passe du côté droit de la route à son côté gauche, si bien que la Nationale n° 22 est à nouveau sur le territoire de Presles jusqu'à Le Roux.

Cette promenade sur la route Nationale n° 22 nous remet en mémoire bien des souve­nirs.

En effet, dans notre village, en quel endroit où l'on se trouve, on ne peut faire dix pas sans que quelque chose rappelle le passé.

 

LES ORMES

 Cliché IMA010

C'est ainsi que de nos souvenances nous pouvons dire que depuis la Place Franco-belge à Châtelet jusqu'à la limite de Sart-Eustache, dès et après la construction de la chaussée, des ormes furent plantés en bordure des deux côtés.

Avant et après 1914, c'était une magnifique promenade ombragée que les citadins de Châtelet et de Châtelineau aimaient faire à pied pendant la bonne saison, venant prendre un bon bol d'air dans les sites boisés et champêtres de notre village et, s'amuser dans les guinguettes : soit au Gros Gayî chez Martin, au hameau des Binches, ou, à Carnelle chez Ferauge et Penet, à Châtelet.

Malheureusement, vers 1930, les arbres de la route comme leurs frères de la Drève furent atteints non pas par une maladie, mais par les insectes, des longicornes, dont les larves creusèrent leurs galeries sous l'écorce des ormes, les entraînant les uns après les autres à la mort.

Cliché : DOC111

Du coup, la chaussée perdit toute sa parure et sa beauté.

Nous pouvons dire que les ormes qui vécurent le plus longtemps furent ceux qui bor­daient la route, depuis le Tournant dangereux jusqu'à la Falige. Ils seront abattus après les hosti­lités de la Seconde Guerre mondiale.

On tenta bien de replanter diverses essences feuillues, mais qui elles aussi furent abat­tues lors des différents travaux d'élargissement de la chaussée.

Nous pouvons encore remettre en mémoire que depuis la rue du Calvaire (actuelle) jus­qu'à Sart-Eustache, le siège du tram à vapeur Châtelet - Fosses, occupait le côté droit de la route. Il resta de longues années abandonné, jusqu'au temps des grands travaux de 1972, quand on l'annexa pour l'élargissement de cette grande voie de communication de Moyenne Belgique, qui relie Paris à Cologne.

La Nationale n° 22 connut des heures de gloire : par deux fois, elle eut l'insigne honneur de supporter le passage du Tour de France.

Mais, aussi par deux fois, années de guerres et de misères, 1914-1918 et 1940-1944, la route vit déferler les hordes des envahisseurs allemands et par deux fois les vit repasser vaincus, poursuivis par nos libérateurs anglais et américains.

Cliché : EVE006

Puisse-t-elle ne plus rester que le simple maillon de la chaîne routière qui unit les villages aux villes, les pays aux pays comme devraient toujours s'unir les peuples les uns aux autres.

Cliché : EVE031

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1 Publié en 1989 in Us et Coutumes I. (Actuellement Route N° 922)

2 Arch. Ét. Mons - Charte de Presles. Année 1591

3 Le préposé en a été Pierre-Joseph Marchand, cabaretier et grand-père maternel de Lucien Cerfaux, prélat domestique de S.S. le Pape.

4 Arch. Comm. Ps.

5 Waibes serait mieux compris et rappellerait l’origine du waibage, grand pâturage des temps anciens.

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